L'éthique des données

Qui possède les données ?

Tout le monde le sait: les données les plus massives ne sont pas sur le territoire français, et de très loin. Or, aujourd’hui, les données sont synonymes de pouvoir, car elles alimentent les algorithmes qui produisent l’information indispensable à l’économie, l’industrie, la défense, la santé, l’éducation, bref, tous les piliers d’une nation. Nous nous en doutons, et même nous inquiétons parfois de voir ces données nous échapper, mais sans en mesurer la gravité alors que nous devrions faire tout notre possible pour empêcher nos richesses et notre avenir de sortir ainsi de nos frontières en flots continus. Car le plus désespérant est que les données qui octroient un pouvoir quasi-absolu à quelques acteurs sont produites - entre autre - par nous tous, citoyens français, qui les leur cédons allègrement en échange de quelques services sans importance.

Imaginez un pays du golfe laisser s’écouler son pétrole vers les Etats-Unis pour quelques films holliwoodiens ou quelques bibelots ? Ne serait-ce pas stupide ?

Que reste-t-il de notre intimité ?

Dilapider ainsi les richesses collectives de notre nation ne nous suffit pas~: nous abandonnons également sans états d’âme le peu qu’il nous reste d’intimité individuelle, en permettant à autrui de surveiller nos moindres faits et gestes, de prédire nos actions, d’orienter nos désirs, et même de nous cataloguer et de noter notre comportement, comme un fermier évalue la qualité d’une vache en lui scrutant les dents et en lui tâtant les flancs. Cette pauvre vache, qui n’a plus d’intimité depuis longtemps, ne nous fait-elle donc pas un peu pitié ?

Comment réagir ?

Il est inutile d’aller plus loin, et de décrire le danger bien physique et réel si des extrémistes s’emparent de nos données personnelles, si les assurances/mutuelles/employeurs décortiquent chaque aspect de notre vie intime, si les commerçants adaptent leur prix à chaque personnalité, si les politiciens adaptent leurs aides en fonction de nos convictions, si vous ne pouvez plus faire le moindre pas de travers sans avoir peur que cela ne vous soit reproché, à tord ou à raison.

Il n’y a qu’une chose à faire: protéger nos données, pour notre bien individuel et notre avenir à tous, pas nécessairement en les cachant totalement, mais au moins en faisant en sorte qu’elles ne soient plus dangereuses, et qu’elles soient ouvertes et partagées par tous afin que le pouvoir soit équilibré et réparti. Les données sont une richesse pour l’humanité: elles sauvent des milliers de vies lorsqu’elles sont bien utilisées, mais elles ne doivent pas constituer une menace personnelle. Or il est possible de prévenir cette menace, au moyen d’une combinaison d’actions légales, d’approches techniques et de précautions individuelles. Ceci implique un changement de comportement individuel, qui a un coût: celui de ne plus pouvoir bénéficier de services agréables mais secondaires aussi facilement; la plupart de ces services seront toujours disponibles, mais en payant ou moyennant quelques efforts d’installation et de configuration de solutions open-source alternatives. Un coût bien minime au regard de celui que nous ou nos enfants auront à payer un jour sinon.

Written on October 30, 2018