Que savoir avant de commencer ?
Je ne suis pas sûre d'avoir assez de recul sur la psychologie des enfants et des plus grands mais, quand je vais faire une activité de médiation, je garde quelques grandes idées en tête. Je vous les donne donc au cas où cela servirait à quelqu'un.
- Il est important que les participants s'amusent. Les activités aident beaucoup, mais la clef pour faire passer des choses souvent un peu compliquées est de le faire sans trop s'en rendre compte. Oui ils vont apprendre tout un tas de choses sur l'informatique voire sur le reste aussi, mais s'ils le font de manière contrainte, c'est déjà quasiment perdu.
- Se débarrasser
des complexes. J'ai trop souvent vu
des enfants arriver devant moi en pensant ou en disant qu'ils n'y
arriveraient pas. Cela arrive aussi avec les adultes, qui ont peur
de se tromper, ou associent l'informatique à l'ordinateur,
cette bête qu'ils ne comprennent pas et qui leur fait
peur.
Il est donc important de commencer par des choses faciles, et de toujours adapter ses questions/défis au public pour que les plus hésitants en sortent fier d'eux-mêmes, et pour que les plus confiants aient trouvé des défis qui les fassent réfléchir. En gros il faut réajuster les niveaux de confiance en soi, en félicitant les plus timides même sur de petites bonnes idées, tout en montrant aux plus confiants que oui il y a quelque chose de difficile derrière et que si la première activité leur semble triviale on a beaucoup d'autres questions en réserve pour eux. - Se débarrasser
des préjugés. Non l'informatique
n'est pas que pour les garçons, non il ne faut pas
être un dieu en maths pour savoir programmer (même si
les mathématiques aident les chercheurs et si savoir faire un
raisonnement est indispensable à un informaticien). C'est
évident pour nous mais ça mérite d'être
répété.
Mais il y a parfois une autre idée préconçue à faire tomber : l'image que le public a de vous. En tant que chercheuse, on me classe dans la catégorie "animaux bizarres", ceux qui parlent un langage à eux et vont les trouver ridicules s'ils se trompent. Là aussi les activités aident, surtout quand on parle de choses aussi concrètes qu'un trésor, des marmottes ou des crêpes. Et placer dans la discussion que oui un informaticien/chercheur se trompe souvent, et que même c'est normal, aide bien.
Bon vous pouvez leur dire aussi qu'un bon informaticien est celui qui va trouver ses erreurs et les corriger (qu'ils ne croient pas non plus qu'on fait n'importe quoi). - Se faire oublier. J'ai l'habitude de dire aux gens que je croise et qui veulent se lancer dans la médiation, qu'un des signes qui montre qu'on a réussi son intervention, c'est que les gens aient l'impression qu'on ne les a pas aidés, qu'ils ont trouvé la solution eux-mêmes. Avec un peu d'entrainement il faut arriver à ne plus donner de réponses (à part l'explication sur le lien avec l'informatique qu'ils ne peuvent en général pas deviner). Il faut savoir poser des questions, répéter ce que quelqu'un a dit, leur dire s'ils sont sur la bonne voie quand ils semblent ne plus avancer, poser la question naïve et archifausse qui leur permettra de rebondir.